Personnage historique

Grisenda Violante

Dénomination : Grisenda Violante, fille de Giovanni, femme de Stefano Blisa
Genre : femme
Occupation : non renseignée ; femme d’un cordonnier
Nationalité selon la dénomination actuelle des noms de pays : italienne 
Dates : XVIIe siècle 
Lieu(x) : Carpi, dans le duché de Modène ; aujourd’hui Émilie-Romagne 
Sources : Archivio di Stato di Modena, Inquisizione, busta 37, fasc. 22 
Identité du ( ou des) personnage qui harcèle : Lelio Savano de Carpi (fra), frère mineur de l’Observance, confesseur de Violante Grisenda 
Résumé : Violante Grisenda, 23 ans environ, mariée à un cordonnier de Carpi, a l’habitude d’assister à la messe à San Francesco. Un matin, fin août ou début septembre 1618, le sacristain la voit « troublée » après la messe et lui demande ce qu’elle a. Violante lui confie avoir été « recherchée » en confession par le frère Lelio Savano « pour traiter avec elle de choses charnelles ». Elle hésite à aller voir la comtesse Lavinia Coccapani, mère de l’archiprêtre de Carpi, pour porter plainte. Le sacristain l’en dissuade et lui apprend que la sollicitation en confession relève de l’Inquisition. Il contient également le désir de vengeance du mari. Violante et son mari gardent le silence. Quelques mois plus tard, en mars 1619, un frère du couvent de San Francesco de Carpi dénonce son coreligionnaire fra Lelio Savani à l’Inquisition, pour une recette magique « bonne à faire courir les femmes derrière soi » et pour sollicitation en sollicitation. Violante Grisenda, nommée par le délateur, est convoquée et comparaît le 2 avril 1619. Elle confirme avoir été recherchée en confession par le franciscain l’été précédent. Elle se confessait au frère Lelio pour la première fois. Le frère lui a demandé de venir parler « seul à seule, dans un lieu à part et intime » : « Vous ne seriez pas la première, parce que j’en ai goûté d’autres, veuves, mariées et jeunes filles ». Il lui promet des sequins :  « Par grâce de Dieu, ma bonté est source d’argent ». En tant que procureur, frère Lelio peut détourner les ressources du couvent à ses fins, ce qui pourrait avoir motivé les dépositions à charge d’autres frères de San Francesco. Après avoir rejeté la proposition, Violante n’est plus allée se confesser au frère Lelio Savano. Mais quelques jours plus tard, le frère l’a croisée près de San Francesco, lui a touché le visage et dit : « Ah mon petit cœur, ma belle Madonna Violante, belle, aimable et cruelle ! ». Il lui a répété ces mots à chaque rencontre. Violante s’est décidée à ne plus fréquenter l’église, « pour ne plus être molestée par ledit frère ». D’après le frère Guido de Ortavanis, la jeune femme a déjà été recherchée par fra Lelio Savano avant cette unique confession. Une amie lui avait conseillé de devenir sa fille spirituelle pour que le frère, devenu confesseur, ne lui demande plus « d’user avec lui charnellement ». Fra Lelio a seulement aggravé son cas en la sollicitant en confession. 
Dans ce dossier, quelques témoignages sont entendus par le vicaire du Saint-Office de Carpi, après la dénonciation, puis la procédure s’arrête. L’histoire reste en suspens, sans que nous sachions si Violante Grisenda a échappé aux attentions forcées du frère Lelio Savani. 
Pour aller plus loin 

Wietse de Boer, « The Catholic Church and Sexual Abuse, Then and Now », Origins, https://origins.osu.edu/article/catholic-church-sexual-abuse-pope-confession-priests-nuns 

Marie Lezowski, « Sollicitation en confession et dénonciation de violences sexuelles devant le Saint-Office (Sienne, 1589-1730) », Revue de l’histoire des religions, 2024/3, p. 427-476. 
 
 

Sœur Rosa Maria Catterina Lanzolari

Dénomination : Lanzolari (ou Lanzollari), sœur Rosa Maria Catterina, de Bologne
Genre : femme
Occupation : religieuse  
Nationalité selon la dénomination actuelle des noms de pays : italienne 
Dates : XVIIIe siècle (1703-1705) 
Lieu(x) : couvent des augustines de Sant’Orsola, Vignola, duché de Modène ; environ 25 km au sud de Modène, aujourd’hui Émilie-Romagne 
Sources : Archivio di Stato di Modena, Inquisizione, b. 186, fasc. 17 
Identité du (ou des) personnage qui harcèle : don Giovanni Battista Zapparoli, de Finale, prêtre séculier, confesseur ordinaire de sœur Rosa Maria Catterina de 1703 à 1705  
Résumé : Dans les dossiers de l’Inquisition pour sollicitation, la violence sexuelle subie par des religieuses de la part d’un confesseur est presque toujours indéchiffrable. Ainsi, en 1711, la dénonciation de sœur Rosa Maria Catterina Lanzolari, augustine au couvent de Vignola, concernant les sollicitations de don Giovanni Battista Zapparoli, exprime seulement des inquiétudes pour le salut de son âme. En 1703, quand don Giovanni Battista, 45 ans, devient confesseur ordinaire des augustines de Vignola, sœur Rosa Maria Catterina, 23 ans, est sacristaine du couvent, ce qui donne au clerc des occasions de l’appeler au confessionnal, également parloir. En ce lieu, plus de cent fois, don Giovanni Battista lui dit qu’elle est son cœur, sa « petite fille » (puttina) et qu’il l’aurait embrassé volontiers. Après ces « confidences », il commence à lui montrer « ses parties honteuses » et à se masturber devant elle : « Chaque fois qu’il pouvait me parler et qu’il voyait ne pas être vu des autres religieuses, il faisait les mêmes obscénités en ma présence ». Suivent, pendant quatorze mois, « beaucoup d’attouchements, d’étreintes » et d’« actes de pollution », avec des mots affectueux comme « mon bien », « ma petite fille ». Le confesseur lui dit vingt ou trente fois qu’il désire « jouir d[’elle] charnellement », « avoir copulation avec » elle (godermi carnalmente, aver copula meco). En 1704, il l’« induit » deux fois à ouvrir (m’indusse andare ad apprire) la petite porte près de la maison du facteur, accolée au couvent. Il a « copulation » avec elle, une fois derrière la petite porte et une seconde fois dans un ancien colombier. Une nuit de janvier 1705, don Giovanni Battista vient assister la prieure dans ses derniers instants. Sœur Rosa Maria Catterina passe « accidentellement » près de la cellule de la prieure et constate la mort de la religieuse. Cinq heures sonnent (22 h), elle voit qu’il n’y a pas d’autre sœur dans la cellule, mais seulement don Giovanni Battista, qui s’approche d’elle et lui touche le sexe. Le 28 mars 1711, la sœur, âgée de 31 ans, dénonce la sollicitation à la grille du parloir, devant le vicaire du Saint-Office à Vignola. Dans cette délation, le clerc agit et la délatrice semble extérieure aux faits rapportés. Seul un adverbe (« accidentellement »)  suggère son absence de désir et l’agression subie en janvier 1705. Quelques semaines plus tôt, le 17 janvier 1711, don Giovanni Battista Zapparoli s’est accusé à Modène d’avoir sollicité sœur Rosa Maria Catterina – parmi 21 autres religieuses, comme il l’avoue en plusieurs comparutions. Il confesse une « amitié étroite » avec sœur Rosa Maria Catterina Lanzolari, dans laquelle c’est lui qui « induit », « provoque » et « motive » les actes sexuels. L’« amitié étroite » s’entend comme la poursuite continuelle de la sacristaine, qui lui cède pendant quatorze mois. 
Pour aller plus loin : 
Giuseppe Orlandi, « Il quietismo nella Modena di Ludovico Antonio Muratori », dans Problemi di storia della Chiesa nei secoli XVI-XVIII, Naples, Edizioni dehoniane, 1982, p. 251-297. Orlandi présente la carrière de « libertin » de don Giovanni Battista Zapparoli, « authentique maniaque sexuel », que le clerc retrace lui-même dans quatre auto-dénonciations. La seule dénonciation du dossier est celle de Rosa Maria Catterina Lanzolari. 
 

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